Le Centre de Référence Maladies Rares sur les Microangiopathies Thrombotiques (CNR-MAT) évalué très favorablement par la HAS

Le Centre de Référence Maladies Rares sur les Microangiopathies Thrombotiques (CNR-MAT) évalué très favorablement par la HAS

Le Centre de Référence sur les Microangiopathies Trombotiques dirigé par le Pr Paul Coppo (département d’Hématologie; hôpital Saint-Antoine)  a été évalué par la HAS les 16 et 17 janvier 2012 et a obtenu la note très favorable de 5 A et 1B. Cette labellisation caractérisée par un haut niveau d’exigence met en lumière le travail et l’investissement mis en place par l’équipe du Pr Coppo pour mener à bien ce projet.

Equipe du Pr COPPO

 Quelles sont les caractéristiques des microangiopathies thrombotiques ?

« Les microangiopathies thrombotiques (MAT) représentent un ensemble de maladies caractérisées par l’association d’une anémie par fragmentation des globules rouges (anémie hémolytique mécanique avec présence de schizocytes), une baisse du taux de plaquettes (thrombopénie), et une souffrance d’un ou plusieurs organes liée à la formation de petits caillots de plaquettes dans les vaisseaux de la microcirculation. Ces maladies peuvent toucher des personnes de tout âge, bien que certaines formes soient plus fréquemment observées chez l’enfant, alors que d’autres sont plus volontiers rencontrées chez l’adulte. Leur incidence est en France de 6 à 8 cas par million d’habitant et par an.

 Les MAT sont en règle générale des maladies graves, mais diagnostiquées rapidement et traitées correctement, leur pronostic peut être excellent. Le traitement repose sur la réalisation d’échanges plasmatiques qui dans certaines formes permettent un taux de guérison de plus de 80 pour cent. On distingue différents types de MAT en fonction de la présentation clinique et des mécanismes physiopathologiques:

 – Le purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) est une forme grave classiquement caractérisée par une atteinte du système nerveux central et une thrombopénie profonde. Le mécanisme est lié au dysfonctionnement d’une enzyme intervenant dans la régulation de l’agrégation des plaquettes (ADAMTS13). Celui-ci peut être constitutionnel (transmission génétique autosomique récessive) ou acquis (liée à des autoanticorps anti-ADAMTS13).

–  Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) s’accompagne d’une insuffisance rénale sévère. Dans la grande majorité des cas, le SHU est lié à une bactérie responsable d’une gastro-entérite, appelée Escherichia coli. Cette forme est appelée SHU post-diarrhéique. Les SHU qui ne sont pas associés à Escherichia coli sont dits « atypiques ». Ils sont dans plus de la moitié des cas en rapport avec des anomalies génétiques portant sur les molécules du complément.

–  Un syndrome de MAT peut également s’observer chez les patients atteints de cancer, infectés par le virus de l’immunodéficience humaine, ou ayant eu une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques. Un syndrome de MAT peut aussi faire suite à la prise de certains médicaments, ou survenir au cours d’une grossesse. »

 Ce centre existe depuis 5 ans, comment s’est-il structuré et organisé au  cours des années ?

« Le premier groupe de travail inter-hospitalier sur le thème des MAT remonte en fait à mai 2000 ! Ce qui a commencé à l’époque comme une réunion de travail informelle de quelques cliniciens et biologistes intéressés par ces maladies orphelines mal comprises, a pu aboutir à la constitution d’un groupe d’étude multidisciplinaire sur les MAT, incluant actuellement des hématologues cliniciens et biologistes, des réanimateurs, des néphrologues, des internistes, des pédiatres, des immunopathologistes et des médecins transfuseurs. L’ensemble de ces praticiens se répartissait au sein de différents hôpitaux de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Nos premiers travaux ont consisté à démembrer les différents syndromes de MAT en utilisant des outils biologiques originaux et impliqués dans la physiopathologie de ces maladies. Par la suite, nous avons mené des études thérapeutiques pour évaluer l’intérêt de certains agents comme le rituximab, et déterminer des facteurs de susceptibilité génétique à ces maladies. Notre groupe de travail s’est progressivement structuré, ce qui nous a permis de bénéficier en août 2006 d’une labellisation ministérielle dans le cadre du plan national maladies rares. Il constitue ainsi désormais le Centre de Référence sur les MAT (CNR-MAT, http://cnr-mat.fr/), composé de plusieurs centres hospitaliers nationaux, dont la coordination se situe au sein de l’hôpital Saint-Antoine, dans le département d’Hématologie. Ce centre comporte également deux laboratoires (l’un spécialisé dans l’étude de la protéine ADAMTS13 à l’Hôpital Antoine Béclère et l’autre dans l’étude du système du complément à l’HEGP) dont le niveau d’excellence est reconnu au plan international.

 Quels ont été les bénéfices d’une telle labellisation pour votre centre ?

« L’établissement d’un maillage territorial nous a permis de développer avec l’ensemble de nos collègues à travers la France une prise en charge loco-régionale d’excellence. La mise en place d’un registre national a permis également d’améliorer nos connaissances et notre expérience de ces pathologies rares. Le CNR-MAT est ainsi le fruit d’un travail d’équipe au sein duquel chaque praticien, de par sa spécialité et son expérience, a contribué à l’amélioration des connaissances dans le domaine des MAT. L’obtention de ce label, de par les moyens qui nous ont été alloués (un poste de praticien et un poste de technicienne d’études cliniques temps plein, un demi poste de technicienne de laboratoire), nous a permis de renforcer notre organisation sur le plan national, et ainsi accroître le nombre de patients étudiés, mener des études multicentriques prospectives, et améliorer la qualité de la diffusion de l’information auprès des différents acteurs de santé, des patients et de leurs familles. Notre mission consiste également à instaurer un dialogue entre les spécialistes référents des MAT en France, la Haute Autorité de Santé, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie et l’association de patients, en mettant en place des référentiels pour la prise en charge de ces patients. Ce Centre a permis également d’identifier des interlocuteurs privilégiés des associations de malades impliquées dans ces pathologies. » Ainsi, cette évaluation très favorable dont nous avons bénéficié est une reconnaissance de l’ensemble des actions menées par le CNR-MAT depuis sa labellisation en 2006, et nous incite donc à poursuivre nos efforts pour mieux comprendre et mieux traiter ces maladies passionnantes.

Contacts

Coordinateur : Pr Paul Coppo, Département d’Hématologie, Hôpitaux Universitaires de l’Est Parisien et Université Pierre et Marie Curie (Paris 6)

Pr Paul COPPO – paul.coppo@sat.aphp.fr

Dr Marc BUFFET – marc.buffet@sat.aphp.fr

Sandrine Malot (Technicienne d’études cliniques du centre) – sandrinemalot@aol.com (01.49.28.32.05 ou 06.22.54.28.86)

Site internet : http://cnr-mat.fr/

Association de malades : http://asso.orpha.net/ADAMTS13/

 

Dates et chiffres clés 

2000 : mise en place d’un groupe de travail sur les MAT en France

2004 : Les premiers Centres de Référence maladies rares sont labellisés

2006: labellisation du centre de référence sur les MAT (CNR-MAT) dont le siège est à Saint-Antoine

5 A et 1 B : notes obtenues lors de l’évaluation par la HAS

6 à 8 cas par million d’habitant et par an

131 centres de référence maladies rares labellisés en France

18 centres de compétence répartis sur l’ensemble du territoire français permettent une prise en charge homogène des MAT et travaillent en collaboration avec le centre de Référence